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À Aix-en-Provence, parquet et protection animale ont lancé un protocole inédit : croiser systématiquement les signaux de maltraitance envers les animaux et les violences au sein du couple et de la famille. Une même logique : une seule violence, des victimes multiples — femmes, hommes, enfants, animaux.

« Qui bat son chien, bat sa femme. Il n’y a qu’une seule violence » — rappelait récemment le procureur général près la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

Quand la violence sur l’animal révèle la violence au foyer

Depuis des années, la recherche et les acteurs de terrain documentent un lien robuste entre maltraitance animale et violences sur les personnes : les mêmes foyers concentrent souvent coercition, menaces et passages à l’acte contre les animaux et contre les partenaires/les proches.

Ce que montrent les observations :

  • Dans les familles où des mauvais traitements d’enfants sont avérés, les animaux du foyer sont souvent eux aussi maltraités.
  • Menacer/blesser l’animal est un outil d’emprise pour terroriser, punir ou faire taire (« si tu parles, je m’en prends au chien »).
  • Certaines victimes retardent leur départ du domicile par crainte des représailles sur l’animal, ne pouvant l’emmener (faute de solution d’accueil).

Les enfants témoins : ce que la violence aux animaux « apprend »

Être exposé à des sévices sur un animal désensibilise, altère l’empathie et modèle la violence comme solution « normale ». Les études retrouvent, chez les enfants témoins, davantage :

  • d’anxiété et de symptômes dépressifs,
  • de comportements agressifs ou d’agitation,
  • de difficultés relationnelles (peur, méfiance, repli).

À l’inverse, repérer la maltraitance animale accélère le dépistage des violences dans le foyer et permet d’agir plus tôt pour protéger l’enfant, soutenir l’empathie et rétablir des modèles relationnels non violents.

Ce que change l’initiative d’Aix-en-Provence

Le protocole signé le 24 septembre 2025 entre la Confédération nationale Défense de l’Animal et le parquet général d’Aix-en-Provence intègre les animaux du foyer dans le parcours de protection des victimes : lors d’un signalement, on vérifie l’état des personnes et des animaux, on oriente sans délai vers vétérinaires/associations/forces de l’ordre, et l’on croise les informations.
Concrètement : moins d’angles morts, plus de sécurité.

Implications pratiques

  • Un signalement d’un côté (animal ou humain) doit déclencher un dépistage croisé de l’autre.
  • Les partenariats justice – associations – vétérinaires – services sociaux réduisent les angles morts et accélèrent la protection de toutes les victimes.

Que faire si je suis témoin ?

1) Évaluer l’urgence.
Si l’animal ou une personne est en danger maintenant17 (police/gendarmerie) ou 112. 114 par SMS / tchat / visio si l’on ne peut pas parler.
Ne pas intervenir physiquement si c’est risqué.

2) Documenter sans se mettre en danger.
Date/heure, lieu, photos/vidéos si possible, description factuelle.

3) Alerter le bon interlocuteur.

  • Maltraitance animale : 3677 – SOS Maltraitance Animale (orientation vers l’acteur compétent).
  • Violences au sein du couple : 3919 (écoute, conseils, orientation).
  • Enfant en danger : 119.

4) Protéger la victime.
Proposer un contact sécurisé (téléphone, code, lieu neutre) et des relais locaux (asso Solidarité Femmes, application/plateforme « Ma Sécurité », vétérinaires partenaires, mairie).

Que peut faire chacun ?

Un voisin / un proche

  • Signaler (3677 / 3919 / 17-112) ; offrir un point d’appui sûr pour l’animal et la personne ; préserver la confidentialité.

Un·e vétérinaire / ASV (auxiliaire spécialisé·e vétérinaire)

  • Relever les lésions compatibles, documenter médicalement, signaler avec le consentement (ou sans en cas de danger grave) ; activer le réseau local.

Un·e professionnel·le de santé / social / éducation

  • Dépister (questions brèves et bienveillantes), documenter, orienter vers 3919 / 119 / 3677 ; coordonner avec associations et forces de l’ordre.

Pourquoi publier ce message maintenant

Parce qu’en traitant la violence comme un système, on protège toutes ses victimes. Repérer la maltraitance animale, c’est ouvrir une porte : pour l’animal, pour la femme ou l’homme, pour l’enfant. L’initiative d’Aix-en-Provence montre une voie concrète : agir en réseau, croiser les signaux, sauver plus vite.

Numéros utiles (France)

  • Danger immédiat : 17 ou 112114 (SMS/tchat/visio).
  • Violences au sein du couple : 3919 (24h/24, 7j/7 ; anonyme, gratuit).
  • Enfant en danger : 119.
  • Maltraitance animale : 3677 – SOS Maltraitance Animale.